À la douce mémoire de
Daniel Hétu
1950 - 2008
Connu commerganiste, pianiste, arrangeur, accompagnateur, auteur-compositeur-interprète et chef d'orchestre, Daniel a vu le jour à Montréal vendreddi le 1er décembre 1950. Fils de l'organiste-pianiste de renommée internationnale Lucien Hétu, il commença l'étude du piano à l'âge de quatre ans, avec comme professeur, nul autre que l'incomparable pianiste et compositeur de génie André Mathieu.
Dès l'âge de 11 ans, Daniel enregistra un premier disque à l'orgue, sous étiquette RCA, intitulé "Le petit Daniel". Ce "45 tours" lui mérita le Grand prix du disque canadien CKAC, section enfantine.
De 16 à 20 ans, il poursuivit sa formation musicale à l'École Vincent-d'Indy, où il étudia le piano, les percutions et l'orchestration, jusqu'à l'obtention de trois baccalauréats en musique. Il poursuivit ensuite pendant trois ans ses études en orchestration et arrangements avec le célèbre Neil Chotem réputé comme professeur, pianiste, compositeur, arrangeur et éventuellement chef de l'orchestre symphonique de Montréal.
En 1968, âgé de 17 ans, Lucien Hétu sortit un album musical avec son fils Daniel sur lequel tous deux jouaient des mélodies de l'heure, intitullé "Lucien Hétu et son fils".
Après avoir remporté la première place dans un concours d'orgues au Québec, puis à Winnipeg, à l'âge de 20 ans, il représenta le Canada au concours international d'orgue Yamaha, à Nemuno Sato au Japon (1971), où vingt-huit pays étaient représentés. Épuisé par un vol qui dura 21 heures, il remporta néanmoins le premier prix qui le consacra meilleur organiste au Monde.
L'années suivante, Daniel sortit son premier album instrumental, intitulé "Daniel Hétu joue Roger Whittaker". Peu de temps après ilfut engagé comme arrangeur, accompagnateur et chef d'orchestre attitré pour René Simard, ce qui l'amena à voyager aux États-Unis, en Europe et au Japon.
Largement en demande, il participa parallèlement à plusieurs autres enregistrements avec son père mais aussi avec de nombreux artistes en vogue de l'époque dont Edith Butler, Renée Claude, Nicole Cloutier, Patsy Gallant, Aimé Major, Renée Martel. et plusieurs autres. En fait, en tant que chef d'orchestre, il accompagna la majorité des chanteuses et chanteurs québécois populaires de l'époque tels Véronique Béliveau, Michel Louvain et autres. Dans une entrevue accordée à la revue Echos Vedettes, il précisait alors que seul Robert Charlebois ne l'avait pas encore embauché. Pour ce qui est des artistes internationaux, il accompagna de grands noms tels que Charles Aznavour, Gibert Bécaud, Mireille Mathieu, Nicole Croisille et même James Brown.
De 1973 à 1976, il fut embauché par René Angelil comme arrangeur et chef d’orchestre attitré de Ginette Reno, tant pour la création en studio que pour les spectacles.
En 1975, alors qu'il était âgé de 24 ans la Société Radio-Canada lui offrit la direction musicale de l'émission télévisée "Faut voir ça" et un an plus tard il prit la baguette de l'émission "Les Coqueluches".
De 1977 à 1981 CFTM-TV lui offrit la direction musicale de l'émission de variété "Les Tannants". Au cours de la première année de cette émission, il enregistra la célèbre ballade romantique "Je t’attendais", qui fit découvrir son incontestable talent de chanteur de charme. Le "45 tours" se vendit à plus de 100 000 d'exemplaires et lui mérita son premier disque d'or. Quelques mois plus tard, l’album éponyme, qui popularisa également la chanson "Je cherche une fille" se vendit à plus de 80 000 de copies et lui mérita, un second disque d'or.
En plus d'assumer la direction musicale de différentes émissions de télé ainsi que la composition, l'enregistrement et la production de chansons pour lui-même, Daniel composa plusieurs thèmes musicaux d'émissions de radio et de télé populaires (Le radio café Provigo, De bonne humeur, Les Tannants, L'Artishow, Michel Jasmin, Découvertes, Montréal en direct, etc. ). Il composa également la musique de plusieurs chansons qui furent popularisées par différents chanteurs/chanteuses et assura les arrangements demandés par nombres d'artistes. C'est d'ailleurs lui qui, à la demande de René Angelil, écrivit les arrangements de la première chanson (Ce n'était qu'un rêve) qui fit connaitre Céline Dion.
En 1980 il sortit son deuxième album en tant que chanteur, intitulé "Femmes du monde", nommé d'après le single à succès du même nom.
Le 6 juin 1981, son amie de cœur, Linda Garofalo, lui donna une magnifique petite fille qu'ils appelèrent Dina. Trois mois plus tard soit le 19 septembre, Linda et Daniel officialisèrent leur état en se mariant et en faisant du même coup baptiser leur fille.
La même année, Daniel ajouta une corde de plus à son arc en devenant co-animateur de l'émission l'Artishow avec Pierre Lalonde et Fernand Gignac sur les ondes de CFTM-TV
L'année suivante, Daniel sortit un autre album chanté qu'il intitula "Et je rêve" sur lequel figuraient en autre dont "Je danse avec la vie" et "I believe in music".
Mais à peine un an après son mariage, des procédure de divorce furent amorcées et la rupture du couple fut officialisée.
En 1983 CFTM-TV lui offrit la direction musicale de l'émission "Michel Jasmin". Il enregistra parallèlement son troisième album chanté intitulé "Ma vie", qui popularisa les chansons "Amoureux de tes yeux" et "Souris-moi".
De 1986 à 1989 il assura l'aspect musical de l'émission "Le radio café Provigo" diffusée sur les ondes de CJMS et enregistra son quatrième album chanté qu'il intitula "Daniel Hétu" (1988) qui donna entre autre les succès "Sans histoires" et "Le cœur en quarantaine".
Alors que la carrière de Daniel allait bon train, son comptable qui s'occupait aussi des affaires ade Dominique Michel et de quelques autres artistes, disparut de la circulation après avoir vidé les comptes bancaires de ses clients. L'enquête policière révéla ultérieurement que le fraudeur avait quitté le pays avec tout l'argent qu'il avait été chargé de gérer. Daniel, qui avait confié la gestion de la totalité de ses avoir (au delà d'un million de dollars) à cet individu, se retrouva alors, du jour au lendemain, sans un sous. Ne pouvant plus compter sur ses économies pour couvrir les frais hypothécaires pour sa maison et son studio, il se retrouva, contraint de déclarer faillite, peu de temp après avoir découvert l'arnaque.
Le 15 aout 1992, alors âgé de 42 ans, Daniel convola en seconde noce avec la productrice Diane Juteau.
L'année suivante il sortit une compilation de ses plus grands succès intitulé "Rétrospective" et en novembre, le couple alla s'établir en Floride où Daniel travailla comme animateur-pianiste-chanteur jusqu'en septembre 1995, date où ils revinrent vivre à Montréal.
Daniel œuvra ensuite comme directeur musical pour différents spectacles produits par son épouse Diane et accompagna occasionnellement certains chanteurs et certaines chanteuses.
En novembre 1999, la SOCAN lui rendit hommage en lui remettant une plaque honorifique pour souligner le fait que sa chanson "Je t'attendais" avait été joué plus de 25 000 fois à la radio. Il composa parallelement textes et musiques d'une cassette sensuelle intitulée "Orgasme", sur laquelle on peut entendre 4 narrations suggestives, propres à créer une ambiance émoustillante.
En 2003 et 2004, Daniel fit son retour à la télévision après 20 ans d'absence en assurant l'aspect musical de l'émission "Un air d'été" animée par Serge Laprade au canal VOX.
En 2003, 2005 et 2006, il assura également l'aspect musical des tournées "Santé bel âge", qui lui firent sillonner le Québec, du nord au sud et d'est en ouest, pendant plusieurs mois, en compagnie de Soeur Angèle et Serge Laprade.
En fin 2006, il se vit offrir la direction musicale du spectacle bénéfice pour "Le Chaînon", afin d'aider cet organisme charitable à ramasser les fonds nécessaires pour continuer à venir en aide aux femmes en difficultés.
La musique ne faisait pas partie de sa vie, c'était sa vie ! Pour lui c'était beaucoup plus qu'un métier, c'était une véritable passion ! Il aimait certes chanter et accompagner des artistes, mais là où il se réalisait véritablement, c'était dans la création. Dans l'intimité de sa résidence, loins des acclamations et des projecteurs, il aimait s'installer au piano et pondre des compositions originales, qui révélaient sa passion et le génie musical qui l'animait. Il aimait aussi s'installer au clavier, enfiler ses écouteurs et créer des arangements distinctifs tant par leur originalité que par leur qualité globale.
Peu enclin aux mondanités, il faisait rarement parler de lui dans les médias artistiques et les caméras avaient peu d'occasion de le croquer sur le vif. Il demeurait néanmoins très actif musicalement en tant que compositeur, arrangeur et accompagnateur. Depuis ses débuts comme chanteur en 1977, Daniel ne cessa jamais non plus d'offrir des spectacles occasionnels aux cours desquels des centaines de personnes se trouvaient bercés apar sa voix chaude au rythme de l'amour et du charme.
Depuis des années, il avait aussi entrepris la création d'une grande dramatico-musicale intitulée "God is a woman" faite sur mesure pour Broadway, étayant à lui seul, le scénario, la chorégraphie, la musique et les paroles dans la langue de Shakespeare. En 2006 il entra en studio avec quelques artiste, dont Claudette Dion, Guylaine Tanguay, Guy Harvey et son fils Pierre, et enregistra les démos de 7 chansons de cette œuvre qu'il alla présenté, avec un résumé du scénario, à René Angelil à Las Vegas. Mais, sournoisement frappé par la maladie, Daniel n'eut malheureusement pas le temps de terminer son oeuvre.
Mardi le 4 décembre 2007, après avoir complété une journée de travail en studio avec Mario Lirette, il revint chez lui et en fin de soirée, une terrible hémorragie gastrique força son transport de toute urgence à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Luttant contre la montre, les médecins parvinrent à stopper l'hémoragie et stabiliser son état, après qu'il eut perdu près de trois des cinq litres de sang que son corps contait. Transféré ensuite à l'hôpital Saint-Luc du C.H.U.M. de Montréal, il se retrouva en chirurgie pour débloquer l'artère sous le foie qui, solidement obstruée, avait apparemment forcé le sang à se rediriger dans ses poumons et son estomac. Grace à une nouvelle technologie développée justement à l'Hopital Saint-Luc, l'artère pu être rouverte et la vie de Daniel fut sauvé in extrémis. Après quelques jours, les médecins constatèrent que l'opération avait bien réussis et Daniel semblait en bonne voie pour pouvoir récupérer. Mais à causedu choc produit par cet hémoragie, certains de ses organes, comme les reins et le pancréas arrêtèrent pratiquement de fonctionner. Il fut donc placé dans une chambre face au poste de garde, afin d'être surveillé de près.
Une semaine plus tard, son état quoi que très sérieux, s'était améliorée. Il reprennait des forces et son moral semblait bon. Il commença graduellement à recevoir ses amis à sa chambre, se permettant même occasionnellement de les accompagner dans un petit salon aménagé sur l'étage. Nonobstant la gravité de son étât, l'humour était au rendez-vous. Il se faisait un devoir d'amuser ses invités par des blagues ou des commentaires loufoques et les rires fusaient autour de lui. Trouvant le temps long à l'hopital, il entrepris la création d'un livre de contes musicaux pour enfants qu'il disait vouloir produire dès sa sortie. Car il demeurait persuadé qu'il allait bientôt quitter l'hopital, mais les médecins ne cessaient de répéter qu'il était très malade et que son état de santé était très sérieux voir même inquiétant.
Pour noël, l passa la veille, la journée et le lendemain entouré de son épouse Diane et de ses proches, à répéter qu'il allait bien et qu'il allait très probablement retourner chez lui d'ici une semaine. Hélas, deux jours plus tard, soit le 28 décembre, en fin de soirée, le "tip" placé chirurgicalement dans l'artère de son foie s'affaissa sous la pression et une nouvelle hémorragie survint brusquement. Il fut dès lors ramené de toute urgence en salle d'opération où les médecins durent procéder à une nouvelle chirurgie pour corriger le problème. Douze heures plus tard, une troisième hémorragie survint, terriblement violente cette fois et il fallu plus de dix heures de travail acharné en chirurgiepour la juguler. De retour aux soins intensifs, Daniel sombra alors dans un profond coma et n'en ressortit jamais. Dix jours plus tard, soit mardi le 8 janvier 2008, à 23h25, épuisé par l'épreuve, son cœur du Maestro arrêta de battre.
Certaines personnes croyant en une forme de vie au delà de la mort, affirmèrent dès lors qu'il était parti rejoindre son père Lucien, son professeur André Mathieu ou d'autres qu'il admirait tant tels Rachmaninov et Beethoven. Qui sait...
Chose certaine, même si le temps à passé depuis ce triste jour, nous nous souvenons encore très bien de cet homme remarquable et attachant qui, durant son trop court séjour sur Terre, s'efforca le plus clair du temps de répandre la joie et la bonne humeur autour de lui.